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Le blog d'une directrice d'école débordée

Le blog d'une directrice d'école débordée
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14 octobre 2008

Lundi 13 octobre

Ce matin, je pars tôt, car aujourd'hui, c'est le premier jour des langues. Et les langues, dans notre école, ce n'est pas rien, on y apprend l'anglais, bien sûr, mais aussi l'espagnol et l'allemand... ce qui signifie décloisonnement général pour tout le cycle 3, changement de salle, assistantes, etc...

Je n'ai pu envoyer le fonctionnement et les groupes qu'hier midi à mes collègues concernées et aux assistantes. Car comme beaucoup de choses, il faut faire dans l'urgence : on ne connait les moyens extérieurs que peu de temps avant, et je n'avais rencontré la dernière assistante que jeudi dernier... J'ai donc passé le week end à planifier, ce qui n'est pas simple compte tenu des temps partiels, des contraintes de salles, des souhaits des collègues ....

Vraiment, il faut y croire fort dans la diversité des langues !!!

Bref, lundi matin je pars tôt à l'école. Mon EVS, arrivée récemment arrive rapidement car elle aimerait bien avoir un peu de travail pour la matinée puisque je suis en cours. J'ai préparé des choses mais arrive, en pleurs, une maman dont on a accueilli l'enfant malade la semaine dernière. Le cas était déjà aigü : arrivée en France toute récente, un travail dans la restauration et un enfant diabétique insulino dépendant à prendre dans l'instant (une première pour moi). Mais là, les choses se compliquent, sa patronne n'accepte pas qu'une assistante sociale intervienne (à ma demande pour avoir une infirmière qui fasse les piqûres). Donc, la maman est renvoyée et comme elle était logée par son employeur ...

Vite, appel au CMS, je lui donne aussi les coordonnées d'une association qui peut l'aider juridiquement, difficile d'avoir les rendez-vous rapidement et le risque de ne pas avoir de toit dès ce soir. Par chance, l'EVS reprend la suite ce qui me permet de filer en cours d'anglais : c'est l'heure !

10 heures, c'est la récré. Je descends. Une des assistantes m'attend : elle aimerait ne pas faire la partie culturelle de l'anglais, et elle souhaiterait ne faire que la partie langage, et avec les CM1 et les CM2 s'il vous plait !!! Je suis agacée, elle doit le voir, elle s'en va pas très contente. Plus loin dans le hall, j'aperçois la maman de ce matin.

L'EVS a pu avoir un rendez vous avec une assistante sociale demain. Ils ont appelé le 115, mais pas de place dans un foyer d'accueil, ou peut être une à l'autre bout du département. Là dessus une collègue m'explique que la piscine, cet après midi, ce n'est pas possible à cause des réunions. Ok, y a qu'à annuler ... 

Je remonte en classe. Maths...

11 heures 30, ça va être le soutien scolaire. 12 h 15, je redescends au bureau, bien décidée à rentrer manger chez moi !

La maman est là de nouveau, la responsable de la cantine aussi, et tout le monde est sur le pied de guerre. Il faut prendre le petit car à priori, la maman et son fils ne peuvent plus manger chez la patronne. Comme il est fortement diabétique, ça complique les choses. J'essaye de rappeler l'assistante sociale pour trouver une solution car on ne sait pas si ils auront toujours leur logement ce soir. A cette heure là, personne ne répond. On demande à la maman de rentrer et de revenir pour faire la piqûre. C'est déjà presque 13 h. Je cherche mes clés de voiture, j'ai la tête à l'envers... "personne n'a vu mes clés ?" En disant ça, je me rappelle enfin que mon mari m'a accompagnée ce matin. Ca n'arrange pas les choses : je vais rentrer à pied. A cette heure là, je vais manger avec un lance-pierre !

13h30, je suis de retour à l'école. Cet après midi, comme tous les après midi, je suis au bureau mais là, deux équipes de suivi sont programmées.

La maman est toujours là. On dicute un peu mais là, je ne vois plus ce que je peux faire. Je propose de téléphoner à sa patronne pour savoir si oui ou non, elle aura l'appartement ce soir, car quand même, on ne rompt pas un contrat comme ça, nom d'un chien !

La patronne m'insupporte, la maladie du petit c'est de la comédie, la maman c'est une menteuse ... mais elle finit par me dire que la maman aura son logement jusqu'à jeudi.

14 heures, les équipes de suivi commencent. Bla bla bla, c'est déjà rôdé pour les 2 enfants en cause.

C'est déjà 15 heures 30, mon EVS est partie, elle a fait ce qu'elle a pu. J'essaie d'avancer, je n'ai toujours pas inscrit sur le registre les derniers inscrits. Toc toc, c'est une collègue. "Dépêche toi, il y a deux dames qui vont se taper dessus dans le hall !" Mais qui les a fait entrer ? nom d'un chien .....

C'est la maman, et sa patronne. J'essaie, dans le flot de leurs paroles, de leur dire qu'on est dans une école, et que les choses dont elles parlent ne me regardent pas. Plus loin dans la cour, les CP ont EPS.

Elles finissent par partir.

Presque 16 h 15, à peine le temps d'avancer trois bricoles. 16h30. C'est sûr, je vais rentrer à la maison, la journée a été rude. 16h31, on vient m'amener un petit bonhomme qui s'est blessé, pharmacie, compresse, on regarde, il faut des points. Je compresse, on appelle la maîtresse, elle appelle la maman, je compresse toujours. 16h45, la maman arrive. 17h00, la cour se vide, les enfants vont en étude. Les collègues partent... je respire un peu. Une collègue arrive : elle a du mal avec un de nos intervenants, il va falloir en parler ... enfin le calme, enfin, j'arrive à finir les inscriptions sur le registre matricule. Deux bricoles de plus, finir la liste électorale pour vendredi... Déjà 17h45, si j'attend 18 heures pour partir, ça va être l'heure de la sortie d'étude,

je fuis ...

   

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12 octobre 2008

premier message

Depuis le temps que je pensais indispensable de trouver un endroit où je pourrais enfin partager, échanger, déverser, divulguer, les joies et les peines de mon métier de directrice d'école...

... au cas où je serais lue par :

- des parents, parce que j'ai été maman avant d'être enseignante,

- des citoyens, parce que moi non plus, je n'ai pas toujours compris de quoi pouvaient bien se plaindre ces sacrés profs ...

- des collègues, qui vivent aussi cette sorte de tornade qui nous absorbe presque entièrement jour et nuit,

- des inspecteurs, au cas où ils auraient oublié la réalité du terrain,

- un ministre, qui pourrait alors comprendre que l'on peut faire dire aux chiffres d'un dossier ce que celui qui le rédige souhaite voir entendu ...

Troisième année dans l'éducation nationale, (après tout de même une vingtaine d'autres ailleurs), je suis arrivée par vocation, pour les enfants, pour enseigner, sans vraiment de doute sur mon choix professionnel. C'est vrai, je ne regrette rien mais ............ oh ! la la la la la la !!!! comme je ne m'attendais pas à ça !

Alors à très bientôt pour partager ma tornade.

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